Alors c’est quoi

la trap ?

Apparue dans les années 2000 au sud-est des États-Unis, la trap a largement imprégné la culture urbaine depuis dix ans. Retour sur un style tellement entendu qu’on ne sait même plus s’il existe réellement.

Welcome to Atlantrap

La trap est une branche du rap originaire d’Atlanta, la capitale de l’État de Géorgie, dans le sud-est des États-Unis. Avec les villes d’Atlanta et Miami, le Dirty South est la troisième scène majeure de la scène américaine. Tout comme les East & West Coasts, elle est biberonnée au hip-hop depuis les années 1980.

Dès les années 2000, le Dirty South se taille une belle place sur la scène américaine. Des artistes comme OutKast, Ludacris, T.I., Rick Ross et Lil Jon acquièrent une célébrité aux USA, puis dans le monde. Un style de rap qui fleure encore bon les années 2000, mais tout ce petit monde ne sait pas encore que la trap arrive et qu’elle va tout emporter sur son passage…

En américain, la trap house, c’est littéralement la maison abandonnée dans laquelle on s’imagine avoir un petit labo de méthamphétamines tout ce qu’il y a de plus rentable pour pallier aux coups du sort de la vie (on n’est jamais trop prudent).
Ce qui n’est d’abord pas un style, mais plutôt une référence au business de stups, devient ensuite la musique que l’on produit au même endroit. Des sons durs et brutaux qui valorisent une manière de prospérer et de s’en sortir malgré les conditions de vie difficiles du ghetto. Les tracks originellement associées à la trap sont celles qui sont fidèles à cette vision d’origine.

Quelle influence sur la scène US ?

Depuis l’émergence de la trap, on a parfois la sensation qu’elle a uniformisé l’ensemble de la scène rap. Ce qui est sûr, c’est que la culture du sample chère aux beatmakers des années 80/90 en a pris un petit coup. Après les sons Let’s Get Away de T.I. (2003) et Trap House de Gucci Mane (2005), la trap doit encore attendre un peu avant de rencontrer le succès aux États-Unis. Elle inspire largement Rick Ross dans B.M.F. (2010), Beyoncé et Jay-Z dans Drunk in Love (2013) et Fetty Wap dans le bien nommé Trap Queen (2015).

Ce qui nous amène en 2017, une année faste. La même année sortent Bad and Boujee de Migos feat. Lil Uzi Vert, Bodack Yellow de Cardi B et Mask Off de Future. Trois tubes qui se placent pendant de longues semaines en tête des ventes.

Et en France ?

Dans l’Hexagone, l’album Or noir (2013) de Kaaris est le premier à populariser le style. Notamment avec le single Zoo, même si toutes les tracks de l’album sont empreintes d’un esprit trap assumé. Volontiers visionnaire, son ancien ami devenu rival, Booba, cherche lui aussi à devancer la tendance. Ses albums Futur (2012) et Nero Némésis (2015) s’inspirent eux aussi largement du style originaire d’Atlanta.
On peut également citer le tube interplanétaire Turn Down for What de Dj Snake et Lil Jon (2013). Et comment ne pas citer MHD, le rappeur du 18e parisien, et le morceau Afro Trap part.3 qui l’a fait connaître (« Paname c’est la Champions League… »). C’est dans leur sillage que s’engouffrent par la suite les Niska, Ninho et Koba LaD. La trap a aussi pas mal points communs avec sa petite sœur, la drill apparue plus récemment, dont Gazo et Freeze Corleone sont de dignes représentants sur la scène francophone.

Un kick caractéristique

Parlons peu, mais parlons bien. La trap a un tempo lent. Entre 130 et 150 BPM pour la plupart des morceaux. Pourquoi ? Parce que c’est plus simple de poser un flow dessus. Le style repose sur des très gros sons de basse, il faut que l’ambiance soit lourde ! C’est aussi l’une des branches du hip-hop qui voisine le plus avec l’électro, en reprenant par exemple des sons de synthés agressifs.
Quand on parle de trap, on se réfère aussi au charleston en rafale. Le charleston (hi-hat en anglais), ce sont les deux cymbales retournées l’une sur l’autre qu’on trouve sur une batterie. Elle produisent une sonorité bien marquée qu’on entend dans de nombreux morceaux aujourd’hui.
Puis pour le flow, l’idée c’est de poser à contre-temps, en syncope comme disent les grands, en laissant des blancs avant de reprendre. La rythmique est essentielle, c’est elle qui donne cette impression de nonchalance.

Mathurin Samain