Al-Walid, spectre hip-hop
« Sarman, c’est quelqu’un qui traîne souvent la nuit dehors. Il ne parle pas, il regarde et écoute » confie Al-Walid lorsqu’il s’agit d’évoquer l’entité relative à son second projet éponyme. Mis en lumière suite à la parution du long format « Y’A UN SOLEIL EN MOI » à l’aube de l’été 2024, le rappeur genevois confirme peu à peu son statut d’espoir. Il faut dire que celui-ci rappe sans concession aucune, guidé par son amour de la pratique. Un mantra salvateur à une époque où l’originalité semble volatile, presque tapie dans l’ombre des statistiques de streaming. Le Flow s’est entretenu avec Al-Walid lors d’une conversation nocturne. Morceaux choisis
Le Flow : Tu te souviens de ton premier contact avec la musique ?
Al-Walid : « J’étais à l’école primaire, mon meilleur ami Vanoost me fait découvrir Sexion d’Assaut L’École des Points Vitaux. Je me souviens m’être pris de fou l’attitude et l’ambiance, c’était mon premier contact avec l’esthétique hip-hop. J’avais 10 ou 11 ans. Après ça, j’ai moins été un auditeur actif de musique. Je ne connaissais pas encore mes goûts, j’écoutais ce que mes potes me partageaient. Mais le rap me faisait déjà kiffer. Puis, 2015-2016, je mange une vraie gifle de Rap : Alpha Wann, Caballero, puis Di-Meh Slimka, Makala. Là je deviens comme un ouf, et j’ai qu’une envie : apprendre à le faire ».
LF : Avant de devenir Al-Walid, tu as longtemps peaufiné tes skills sous l’alias de Hatosama…pourquoi ce blaze ?
A-W : « Bêtement parti d’un délire, super inspiré par les shonen, je me suis trouvé ce nom. Puis, après avoir réalisé à quel point j’aimais rapper, j’ai choisi de m’entraîner sérieusement. Je me suis acheté du matos pour faire du son, j’ai commencé à apprendre à m’enregistrer, puis à mixer et à produire. En 2024, je sens que c’est le moment. Je sors « Y’A UN SOLEIL EN MOI » et décide de prendre comme blaze mon prénom, Al-Walid. Merci Papa et Maman, vous avez bien choisi ».
LF : À quel point ton entourage t’a-t-il influencé ?
A-W : « J’ai toujours eu mes amis les plus proches pour partager cette passion. On a fait nos armes ensemble, à freestyler pendant des heures chez mon pote Leska. Aujourd’hui, beaucoup ont décidé d’arrêter la musique. Mais reste avec moi celle et ceux qui m’ont toujours accompagné : Charlotte Jasmin, avec qui je réalise la DA et les cover de mes projets; Mr. Walker, avec qui je travaille mes clips, mais aussi les films qu’il réalise ; Luks et NEOSPLEEN, des artistes qui m’offrent des retours sur ma musique, tellement pertinent que je ne veux plus m’en passer ».
LF : Tu fais d’ailleurs souvent référence à Charlotte Jasmin dans tes textes.
A-W : « L’amour de ma vie. Dans absolument tout ce que je fais, elle m’accompagne. Elle est mon bras droit, lorsque je n’ai pas la force de faire seul et ma jambe gauche, lorsque je ne sais où aller. J’adore travailler avec elle. Elle a la capacité de transformer l’idée qu’on a en tête en quelque chose de concret, et souvent mieux que ce que j’imaginais ».
LF : Quelles sont tes sources d’inspirations ?
A-W : « Rapologiquement parlant, j’ai été biberonné aux sons d’Alpha Wann, de la 75ème Session et de la SuperWak. Aussi, les Grünt, qui sont mon garde-manger infini quand j’ai faim. À cela, je greffe ce qui me fait kiffer dans mon quotidien, je suis très ouvert à prendre l’inspi de partout. Mais la grande vérité, c’est que je m’inspire le plus des artistes que je côtoie. Ils/Elles me donnent tellement à manger, que j’ai jamais besoin de chercher très loin. Côté film, je suis tombé sous le charme des œuvres de Michel Ocelot, particulièrement Kirikou et Azur et Asmar. J’essaie régulièrement d’ajouter par touches ces inspi dans mes projets ».
LF : Un an après Y’A UN SOLEIL EN MOI, tu droppes SARMAN??. Tu peux me raconter sa conception ?
A-W : « Je vois chaque projet comme étape, donc lorsque je conçois SARMAN??, j’ai juste envie de faire mieux qu’avant, avec une approche différente. Je me suis permis de créer avec une grande spontanéité afin que l’expérience créative soit amusante pour moi. Sarman, c’est quelqu’un qui traîne souvent la nuit dehors. Il ne parle pas, il regarde et écoute ».
LF : L’imagerie du projet est hautement cinématographique, quelles ont été tes références pour sa cover ?
A-W : « Je puise beaucoup d’inspiration dans les films de Mr.Walker, je suis fan de ses images. Couplé à cela, l’imagerie du manga Cobra de Buichi Terasawa, l’ambiance de Sin City du duo Franck Miller / Robert Rodriguez ainsi que le long-métrage d’animation Azur et Asmar de Michel Ocelot. Puis Charlotte vient y mettre de sa magie, et voilà ».
LF : En tant qu’artiste suisse, c’est important de te connecter avec Paname en terme d’exposition ?
A-W : « Pour moi, c’est important. Sur l’aspect professionnel, j’ai beaucoup appris en allant à Paris. Mais le plus gros point, ce sont les rencontres, toutes super enrichissantes. Je me suis fait de vrais amis là-bas. Je ne pense pas que ce soit obligatoire pour faire de la bonne musique. Mais je suis très content de suivre mon chemin, et il passe par là. J’ai hâte que Genève soit reconnu à sa juste valeur, et si il faut passer par Paris pour que cela se fasse, on y va ».
LF : C’est quoi la suite pour toi fin 2025 ?
A-W : « Je prépare en ce moment même la suite. Pas grand-chose à dire à part que ça rappe, très bien même. J’ai beaucoup été dans mon coin, il est temps de collaborer sérieusement, et ce ne sont pas les bons artistes qui manquent ».
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