Interview Quartz : on vous dit tout sur la mixtape qui réunit la crème du rap helvétique.
Depuis le début de l’été sur Instagram, il se fait écho d’un mystérieux projet réunissant une flopée d’artistes suisses dont le premier single « Metalem » du rappeur genevois AAMO vient de sortir. Son intitulé ? Quartz, en référence à l’élément primordial au bon fonctionnement d’une montre, guère étonnant quand on connaît la précision de l’horlogerie suisse. À l’origine de cette initiative, Kamil Osmanov et Kriss Yassa Tena, qui se sont longuement entretenus avec Le Flow afin d’esquisser le projet Quartz. Morceaux choisis.
Le Flow : Quels sont vos parcours respectifs ? / Comment vous vous êtes connectés ?
Kamil : J’ai un parcours assez atypique. À la base, je suis pianiste de formation classique : j’ai étudié à la Haute École de Musique de Genève, puis au Conservatoire de Moscou où j’ai obtenu un master avec les félicitations du jury. J’ai ensuite complété ma formation avec un diplôme en production musicale au Berklee College of Music. Très vite, je me suis tourné vers la composition et la production, ce qui m’a amené à collaborer avec des artistes comme Louane, Damso, Dinos, Dosseh, Lacrim, Niska, Maes, Koba La D, Tiakola ou encore Dakeez. Au fil des années, j’ai eu la chance d’obtenir plusieurs certifications. Quant à Kriss, nous nous sommes rencontrés lors d’une session en studio que j’avais organisée pour l’un de ses artistes. Le feeling est tout de suite passé et nous avons continué à nous suivre sur les réseaux. Plus tard, quand j’ai lancé l’idée de Quartz, il a été l’un des seuls à vouloir s’associer avec moi. Il m’a apporté une structure et un cadre plus professionnel, ce qui nous a permis de donner au projet une base solide et durable.
Kriss : J’ai commencé dans la musique en 2006 comme rappeur à Lausanne, avant de me tourner vers la production et la direction artistique en 2014. Avec On Live Production et différents projets culturels, j’ai toujours cherché à mettre en avant les artistes locaux à travers des concepts comme le On Live Festival ou #Punchlive, en leur offrant une véritable visibilité. Mon parcours m’a aussi amené vers le management et le booking, en accompagnant des artistes en Suisse comme à l’international, sur des scènes allant de clubs emblématiques jusqu’à des salles de renom. Aujourd’hui, mon ambition est de professionnaliser la scène urbaine romande, de fédérer les talents et de créer des ponts durables entre la Suisse, la francophonie et l’international. Avec Kamil, on se connaissait déjà parce qu’on se suivait sur les réseaux, et on a eu l’occasion de travailler ensemble en studio à travers les artistes que je produisais. Un jour, il m’a parlé de son idée de créer une mixtape avec des artistes suisses, et je lui ai proposé d’aller plus loin en montant une association pour se structurer — parce qu’en Suisse, sans structure, on ne peut pas avancer.
LF : Quelle a été la genèse du concept Quartz ? / Pourquoi ce nom ?
Kamil : L’idée de Quartz est née de cette volonté de créer quelque chose de fondateur pour la scène musicale suisse. Le quartz, dans une montre, c’est l’élément central qui permet à tout le mécanisme de fonctionner avec précision. Sans lui, le temps ne s’écoule pas de la même manière. On a voulu reprendre cette métaphore : Quartz, c’est un noyau, un point de départ qui donne le rythme, qui structure et qui relie. C’est à la fois une référence à la précision et au savoir-faire suisse, mais aussi à la transparence et à la solidité qu’on veut insuffler dans ce projet. En un mot, Quartz est là pour mettre en mouvement les talents, comme le quartz met en mouvement le temps.
Kriss : La genèse de l’association Quartz vient de ma connexion avec Kamil. On s’est rendu compte qu’on partageait la même vision : fédérer les énergies locales et professionnaliser la scène urbaine suisse. Lui apporte son expertise musicale, moi mon expérience en production, management et booking. En se complétant naturellement, on a voulu structurer cette dynamique et créer Quartz pour donner aux artistes un vrai cadre et de nouvelles perspectives.
LF : Comment s’est déroulé le processus de sélection des artistes ?
K & K : Dès le départ, nous avions une liste d’artistes avec lesquels nous souhaitions collaborer sur ce projet. Kamil a pris contact avec eux et nous nous sommes organisés pour coordonner les plannings, réserver les sessions et créer les conditions idéales de travail. L’objectif était de réunir des profils capables d’apporter chacun leur univers au projet. Pour les compositeurs, la sélection s’est faite différemment, principalement via les réseaux sociaux. Cela nous a permis de découvrir de nouveaux talents et d’ouvrir le projet à des influences variées. Nous avons eu la chance de pouvoir compter sur Dakeez et Bij, qui nous ont apporté non seulement leur expertise, mais aussi leur énergie et leur sensibilité. Ils ont contribué à la composition, aux arrangements, ainsi qu’au mix et au mastering du projet. Leur implication a véritablement permis de lui donner une dimension supplémentaire et d’atteindre le niveau de qualité que nous visions.
LF : Les mixtapes 100% helvétiques ne sont pas légion. Est-ce que c’est un concept que vous souhaitez poursuivre à l’avenir ?
K & K : En lançant ce projet, on s’est vite rendu compte que ce n’était pas une tâche facile, et on comprend maintenant pourquoi beaucoup de nos confrères qui avaient commencé ont fini par abandonner. Mais nous, on a eu la chance de monter une vraie équipe d’« Avengers » et d’être soutenus tout au long de la conception.
C’est sûr qu’on compte poursuivre ce concept à l’avenir, et il sera encore mieux, avec une vraie évolution à chaque nouvelle édition.
LF : Le premier single d’AAMO vient de sortir. Pouvez-vous nous donner quelques spoilers quant à la suite ?
K & K : On ne va pas trop tout dévoiler pour l’instant, mais croyez-nous, le projet va surprendre ! Les artistes ont vraiment donné le meilleur d’eux-mêmes, et il y a plein de surprises qui arrivent : annonce de la tracklist, date de sortie… On prévoit même une soirée de lancement, et on va s’assurer que ce projet soit défendu comme il le mérite. Vous n’êtes pas prêts !
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